NOTES

 

Ici, commme plus loin à propos de Thespis, Hugo fait une concession à la culture de son lecteur et s'écarte sciemment de sa source érudite. A. Pierron (ouvrage cité, p. XXI) dit: « Horace, qui admet la tradition vulgaire sur Thespis, et qui passe sous silence les autres poètes tragiques antérieurs à Eschyle, rapporte à Eschyle seul et l'invention du théâtre et celle de l'appareil scénique: " Après lui, Eschyle imagina le masque et le majestueux manteau; il dressa la scène sur des tréteaux peu élevés, et il enseigna à parler noblement et à marcher avec le cothurne." [Note: Horace, Art poétique, vers 278 et suivants] [...]

Le masque répondait à un double besoin: c'était la représentation traditionnelle ou idéale du personnage en scène; c'était aussi un moyen physique de se renforcer la voix, de se mieux faire entendre à tout un peuple assemblé. Le cothurne, brodequin à semelles très épaisses, empêchait que l'acteur, à distance immense où il se trouvait des derniers rangs de l'amphithéâtre, n'offrit qu'un chétif et ridicule aspect. Ces deux inventions, qui, sur nos théâtres, paraîtraient des monstruosités, étaient, j'ose l'affirmer, d'une absolue nécessité sur le théâtre d'Athènes.

On est en droit de pousser les conjectures plus loin encore. Il n'y a aucune témérité à dire que l'appareil scénique était connu en Grèce avant Eschyle, avant Phrynichus, avant Thespis même. »